Le tourisme responsable et solidaire a le vent en poupe. Marginal il y a encore quelques années, il séduit aujourd’hui de plus en plus de voyageurs soucieux de respecter l’environnement, les modes de vie et les cultures.
La tendance du moment sur la Toile ? Le « couchsurfing » (surfer d’un canapé à l’autre), un service d’hébergement gratuit proposé par les membres du site communautaire Couchsurfing.org (voir aussi lemondedansuncanape.blogspot.com). Une fois inscrit, chaque internaute peut recevoir chez lui un voyageur ou être accueilli partout dans le monde, pendant deux ou trois nuits.
"J’ai découvert la ville autrement"
Lancé en 2004 par un Américain, Casey Fenton, Couchsurfing.org annonce un million d’abonnés depuis cet été. Des adeptes plutôt jeunes, apparemment sensibles aux valeurs de solidarité et de partage mises en avant sur le site : « Le couchsurfing a pour but de mettre les gens en relation, d’encourager les échanges et de faciliter la compréhension des différences culturelles »… De façon plus prosaïque, il permet aussi de voyager à moindre coût.
Séverine, 41 ans, conseillère principale d’éducation, maman de deux enfants, a testé le concept à New York et dit avoir vécu « une expérience exceptionnelle » : « Grâce à mes hôtes, j’ai découvert la ville autrement et rencontré des gens que je n’aurais pas croisés lors d’un séjour classique, raconte-t-elle. Je me suis sentie presque comme chez des amis, j’ai participé aux courses, préparé des petits repas et ai même offert quelques cadeaux, cela me paraissait normal. »
Voyageant seule, cette mère de famille avait choisi de n’être hébergée que par des femmes ou des couples, « par précaution ». Afin d’éviter les mauvaises surprises, le site a mis en place un système d’évaluation des membres permettant à chacun de laisser un commentaire après chaque voyage.
Echapper aux réseaux économiques classiques
Autre phénomène en ligne : le « WWOOFing », le gîte et le couvert contre quelques heures de travail dans des fermes biologiques. Né dans les années 1970 en Angleterre, ce mouvement (« World Wide Opportunities on Organic Farms », possibilités internationales dans les fermes bio), connaît un regain d’intérêt en pleine vogue de l’écologie.
La formule permet de participer aux travaux de la ferme et de disposer d’un peu de temps pour faire du tourisme. « Le but est de s’enrichir en rapports humains, de découvrir et d’apprendre dans une ambiance “écolo” », indique l’association WWOOF France (voir aussi www.wwoofinternational.org), créée en 2007, auprès de laquelle il faut s’inscrire (15 €), pour tout projet dans l’Hexagone. « Le WWOOFer n’est pas un employé et n’a aucune obligation de rentabilité », précise la charte. Personne ne doit recevoir d’argent. « J’ai fait du WWOOFing en Nouvelle-Zélande, 4 h 30 de travail par jour, écrit Roxane95600 sur le site lonelyplanet.fr. C’est intéressant, on est au grand air, on rencontre du monde. Mais physiquement ce n’est pas facile, je ne sais pas si je le referais. »
Couchsurfing, « WWOOFing », le degré d’implication varie, mais la motivation reste la même : «l’envie d’échapper aux réseaux économiques classiques pour s’inscrire dans une logique de troc, explique l’anthropologue Jean-Didier Urbain
Paula PINTO GOMES (1). Le voyage devient ici un acte de liberté pleinement assumé. »